
Excerpts from Pour l’action (For Action), Translated by Scott Marentette
from Philippe Haeck's Polyphonie. Roman d’apprentissage (VLB éditeur, 1978)
Pour l’action
1
Nous avons une bonne machine à coudre citoyens. L'intelligence qui circule aujourd'hui est plate. Grandes églises vides, les langues des femmes et des hommes s'enroulent autour du vide des usines. Le peuple est ailleurs, ou dans la nuit en train de préparer les actes de la révolution.
8
Il n'est pas facile d'écrire j'écris à la circonstance de ma vie et de la tienne et la vôtre ma femme mes camarades. Où est-elle cette ligne juste, révolutionnaire qui ne craint pas les erreurs, qui tire parti des expériences passées. Je vous dis d'écrire si vous ne voulez pas que l'on vous écrive. La pratique de l'écriture nous sauvera-t-elle des discours des exploiteurs.
9
Sonde, j'écoute, hier la fête des travailleurs. Il pleut, des jeunes universitaires mettent leurs savoirs au service des femmes et des hommes des quartiers pauvres. Le peuple a besoin de chanter. Faire la révolution un jour de fête, dans un grand éclat de rire, un corps à corps bourré de tendresse, ici et là de la colère contre ceux qui ont peur de perdre. Je cherche les articulations de deux forces indépendantes et égales.
15
J'écris pressé par le texte pour la révolution. Texte provisoire, nécessaire. À chaque matin nos armes plus légères, plus dangereuses, la victoire de plus en plus dans notre lieu. Nous savons qui sont les autorités politiques, que sont les mots dans leurs dents. Je pratique une poésie abrupte, la lumière crue et douce de l'aube, historique, la pensée travailleuse, décapante.
For Action
1
We have a good sewing machine, citizens. The intelligence circulating today is boring. Large empty churches, women’s and men’s tongues wrap around the emptiness of the factories. The people are elsewhere, or in the night preparing the acts of revolution.
8
Writing is not easy I write on the circumstances of my life of yours and yours my wife my comrades. Where is this just line, revolutionary who does not fear errors, who draws upon past experiences. I tell you to write if you do not want to be written. The practice of writing will save us from the exploiters’ speeches.
9
Probe, I’m listening, yesterday’s workers’ day. It’s raining, some young university students put their know-how in the service of women and men from the poor neighbourhoods. The people need to sing. Make revolution a holiday, in one large burst of laughter, a hand-to-hand stuffed with tenderness, here and there with anger against those afraid of losing. I seek the articulations of two independent and equal forces.
15
I write pressed by the text of the revolution. Necessary, provisional text. Every morning our weapons lighter, more dangerous, victory increasingly in our area. We know who the political authorities are, what the words in their teeth are. I practice an abrupt poetry, raw soft light of dawn, historic, working thinking, caustic.
Scott Marentette teaches literature, theory, culture, and writing at various universities and colleges in and around Toronto.